Migraine : les traitements de fond

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  Pour traiter la douleur pendant les crises, un traitement de la crise (médicaments antidouleur ou triptans) est recommandé. Mais pour espacer les crises, un traitement de fond est souvent prescrit.

Le traitement de fond contre la migraine

Le traitement de fond est recommandé dès que les crises surviennent plus d'une ou deux fois par mois ou qu'elles sont très violentes. Il permet de diminuer d'environ de moitié la fréquence des crises. Il existe différents traitements de fond :

  • les bêtabloquants (propranolol, métoprolol) ;
  • l'amitryptiline ;
  • l'oxétorone (Nocertone®) ;
  • le candesartan.

Si ces médicaments sont inefficaces, d'autres traitements peuvent être envisagés :

  • En deuxième choix : pizotifène, flunarizine (Sibelium®), valproate de sodium, indoramine, gabapentine, topiramate (le seul traitement oral avec un niveau de preuve d'efficacité élevée et surtout efficace sur les migraines chroniques) qui sont utilisés habituellement dans le traitement de l'épilepsie.

L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a indiqué, dans un communiqué du 12 juin 2018, que le valproate et ses dérivés sont interdits pendant la grossesse et qu'ils ne doivent plus être prescrits aux filles, adolescentes et femmes en âge de procréer (sauf circonstances exceptionnelles). Les patientes avec un traitement en cours doivent prendre rendez-vous avec le médecin spécialiste.

Il en va de même du topiramate qui présente des effets tératogènes majeurs et qui serait responsable de troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), de retard intellectuel et de troubles du spectre de l’autisme.

À noter : ces médicaments des migraines sévères ne peuvent donc être administrés que sous couvert d’une contraception efficace et en l’absence de pathologie cardiovasculaire.

  • En troisième choix : méthysergide, à réserver aux migraines rebelles en raison d'effets secondaires importants.

Bon à savoir : de nouvelles études prouvent que la mélatonine réduit la fréquence des migraines de plus de 50 %. Elle est au moins aussi efficace que les triptans et présente moins d'effets indésirables.

La prescription de patch de capsaïcine et/ou de toxine botulique de type A (Botox) fait aussi partie des traitements indiqués en cas d'échec d'au moins deux traitements oraux. Ce dernier est un produit de la réserve hospitalière utilisable par des médecins formés.

Dans tous les cas, c'est le médecin qui choisit le traitement de fond et qui ajuste les doses, mais il est nécessaire que vous soyez impliqué et motivé pour que cela fonctionne. Cela peut paraître long et fastidieux, mais le jeu en vaut la chandelle puisque le traitement de fond est le seul qui puisse redonner une qualité de vie normale aux migraineux sévères.

Les anticorps monoclonaux anti-CGRP

Il existe désormais des traitements préventifs (des anticorps monoclonaux) recommandés au niveau européen à utiliser en cas de résistance aux bêtabloquants et au topiramate :

  • l'Ajovy® (érénumab), en sous cutané, commercialisé depuis mai 2018 (270 euros par mois) ;
  • l'Emgality® (molécule galcanézumab), disponible sous forme de solution injectable (245 euros l'injection à renouveler mensuellement) et destiné uniquement aux patients qui ont au moins quatre jours de migraine par mois (il permet une réduction moyenne de 1,9 jour de migraine par mois) ;
  • Viepti® (eptinézumab), en intraveineuse et administré en hôpital de jour (540 euros tous les 3 mois).

Bon à savoir : seul ce dernier traitement est pris en charge par l’Assurance maladie « mais les listes d’attente sont interminables », souligne le Dr Christian Lucas, neurologue, chef de service au Centre d’étude et de traitement de la douleur au CHU de Lille, et président de la Société française d'étude des migraines et céphalées (SFEMC). En l'absence de remboursement, seuls 2 000 Français utilisent les anticorps monoclonaux anti-CGRP alors qu'ils sont entre 20 et 50 000 à pouvoir y prétendre.

Ces anticorps monoclonaux anti-récepteur du calcitonine-gene related peptide (CGRP, un vasodilatateur facilitant la transmission synaptique) constituent un traitement de fond spécifique de la migraine chronique ayant résisté à deux traitements oraux ayant inclus le topiramate.

En cas de crise, ils soulagent la douleur en moins de 2 heures pour 22 % des patients et ils suppriment les symptômes annexes (photophobie, phonophobie ou nausées) chez près de 40 % d'entre eux. De plus, les crises sont moins intenses et répondent mieux aux traitements de crise.

Par ailleurs, on trouve désormais des antagonistes du récepteur du CGRP sous la forme de comprimés, les gépants (qui doivent être prescrits par un neurologue connaissant la migraine). Ils ont la particularité d'exister :

  • en traitement de crise pour les patients non répondeurs ou ayant une contre-indication (âge, antécédents neuro ou cardiovasculaires) ou des effets secondaires avec les triptans ;
  • en traitement de fond pour tous les migraineux ;
  • pour les deux indications.

Mais ces traitements ne sont pas non plus remboursés.

Durée de ce traitement de fond

Le traitement de fond est prescrit pour au moins 3 mois. Il faut être patient car il n'est efficace qu'au bout de quelques mois, à condition de le prendre régulièrement (tous les jours généralement). Au bout de quelques mois à un an, si les crises ont diminué en fréquence et en intensité, il est conseillé d'essayer de diminuer les doses, toujours avec l'aide du médecin.

Traitement migraine : effets secondaires

Tous ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires variables : somnolence, palpitations cardiaques, baisse de tension...

Par ailleurs, la flunarizine et l’oxétorone (qui présentent une efficacité modeste avec environ une crise en moins tous les deux mois) exposent à des troubles extrapyramidaux, des troubles cardiaques et des prises de poids. De plus, l'oxétorone expose aussi à des diarrhées chroniques.

Si vous supportez mal votre traitement, il est conseillé d'en parler à votre médecin. Ne l'arrêtez jamais brutalement, il faut généralement réaliser un sevrage progressif pour limiter les effets secondaires.

Accompagner un traitement de fond

Il est également possible de mettre en place un protocole naturel pour se débarrasser durablement et sans effets secondaires de ses migraines. Bien entendu, implication et motivation sont également nécessaires pour une réussite complète.

Corrigez votre alimentation

Comme bien souvent, adopter une hygiène alimentaire correcte est nécessaire. Dans le cadre du traitement de fond de la migraine, cela suppose :

  • d'éliminer :
    • les aliments déclencheurs éventuels (édulcorants, aspartam, glutamate, charcuterie, etc.,
    • les aliments riches en phényléthylanine tels que le chocolat,
    • les alcools,
    • les produits laitiers gras (crème fraîche, fromages...),
    • les aliments riches en histamine (tomates, fraises, poissons fumés...),
    • l'excès de sel dans l'alimentation,
    • de façon générale les sucres en cas de candidose ;
  • de privilégier les aliments alcalinisants :
    • jus de légumes, soupes,
    • compote de pommes,
    • riz, sarrasin, quinoa,
    • patates douces...

En ce qui concerne la caféine, deux études suggèrent qu’il est possible de réduire le risque de céphalées chez les consommateurs excessifs (plus de 500 mg/j) en procédant à un sevrage progressif. Il peut exister des céphalées de sevrage même chez les consommateurs modérés quotidiens, le risque de survenue de céphalées étant plus élevé au-delà de 540 mg/j.

N'hésitez pas à compléter ces recommandations avec une consommation importante d'infusions de plantes diurétiques et drainantes (chélidoine, pissenlit, artichaut, radis noir) plusieurs fois par jour.

Pratiquez des exercices physiques apaisants

L'idée est de favoriser votre détente tout en prenant l'air. Tournez-vous vers des activités de plein air favorisant l'oxygénation, comme le taï-chi, le qi gong ou le yoga.

En revanche évitez les activités qui exercent des contraintes au niveau du rachis cervical (natation, cheval, VTT, moto, etc.).

Bon à savoir : un traitement ostéopathique peut être nécessaire pour s'assurer que le rachis cervical n'est pas en perte de mobilité ou pour soulager une migraine durablement.

La détente au quotidien

Le traitement de fond naturel suppose également de vous ménager des moments dédiés à la relaxation.

Trois fois par semaine, prenez un bain tiède, le soir avant d'aller vous coucher. L'objectif est d'obtenir une détente physique et mentale fondamentale pour limiter les crises de migraine. Vous pouvez en même temps placer un gant froid sur le front. Au cours de la journée (ou, à défaut, les soirs où vous ne prenez pas de bain), faites des bains de pieds et/ou de mains chauds.

Pratiquer des exercices de relaxation tels que ceux proposés en sophrologie est idéal. Vous trouverez facilement des exercices guidés sur Internet. Dans le même ordre idée, la réalité virtuelle (immersion audiovisuelle en 3D dans un univers virtuel agréable tel qu'un fond sous-marin, un jardin zen...) a fait la preuve de son efficacité pour soulager les douleurs aiguës en favorisant la distraction, la relaxation (voire une hypnose dans certains programmes).

De même, la méditation en pleine conscience est efficace pour réduire l'anxiété, le stress, la dépression et les douleurs chroniques ; la méditation peut ainsi aider au quotidien en permettant une meilleure acceptation de la maladie chronique et une réduction du retentissement émotionnel.

Bon à savoir : si les migraines ont une origine émotionnelle manifeste, une prise en charge adaptée sera nécessaire, qu'on ait recours à un psychothérapeute ou à un praticien en décodage biologique, par exemple. 

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